Aux défis que représentent les nouvelles normes environnementales, les difficultés d’approvisionnement, les pénuries de main-d'œuvre ou encore l’inflation des prix des matières premières, s’ajoute aujourd’hui une nouvelle crise. Le conflit en Ukraine – qui représente tout d’abord une terrible souffrance humaine – amplifie également les perturbations qui touchent l’ensemble de la filière.
La plupart des équipementiers ont annoncé l'arrêt des exportations vers la Russie ainsi que des importations de véhicules en provenance de Russie. Les investissements sont également suspendus. L’onde de choc dépasse très clairement les frontières des pays concernés. En particulier, les impacts sont conséquents sur la chaîne d’approvisionnement.
L’équipe Automobile d’AlixPartners vous propose, dans les semaines à venir, une série d’analyses sur les points cruciaux à prendre en compte et quelques pistes d’actions
- Réagir aux pénuries et inflation des matières premières
- Revoir la chaîne d’approvisionnement des câblages
- Quels impacts sur la transition électrique ?
Deuxième volet de la série : Revoir la chaîne d’approvisionnement des câblages
La fabrication des câblages est très intensive en main d’œuvre. Ainsi, les fabricants ont mis en place un vaste réseau de sites d'assemblage dans les régions à bas salaires d'Europe de l'Est (environ 150 sites) et d'Afrique du Nord (environ 50 sites) pour approvisionner les constructeurs automobiles européens.
Au fil du temps, l’Ukraine s’est imposée comme un pays incontournable. Depuis 1998, 22 équipementiers automobiles étrangers y ont investi environ 600 millions de dollars dans la construction de 38 sites de production[1]. Près de 60.000 personnes travaillaient sur ces sites, et la moitié d’entre eux y produisaient des câblages. Les dix principaux fabricants mondiaux ayant presque tous au moins un site d'assemblage dans ce pays.
L'Ukraine était en 2021 le dixième pays exportateur de câblages, avec 3,4% du chiffre d'affaires mondial. Offrant un niveau de salaire relativement bas, tout en étant proche des sites de sous-traitance et de production de véhicules en Pologne, en Roumanie, en Slovaquie et en Allemagne, la plupart des fournisseurs se sont installés dans l'ouest du pays.
L’Allemagne est presque entièrement dépendante de la production ukrainienne. Près de la moitié des volumes ukrainiens sont directement destinés à l'Allemagne, le reste étant assemblé en Roumanie, République tchèque, Pologne ou Hongrie, avant d’être réacheminé vers les sites de production de véhicules allemands. Pour des raisons de logistique, l’Italie, la France ou l’Angleterre se fournissent en priorité en Afrique du Nord. L’impact est donc moins violent, même s’il reste important.
Facteur aggravant, il n'existe pas de stocks importants de câblages. Ces derniers sont majoritairement fabriqués à la demande car ils dépendent étroitement des options choisies par le consommateur. Or, il est impossible de commencer l’assemblage d’une voiture sans disposer du câblage, contrairement à d’autres composants comme les semi-conducteurs. Une pénurie de câblages entraîne donc un arrêt de la chaîne de montage des véhicules.
La seule chance de relancer les chaînes de production des équipementiers est donc de relocaliser rapidement la production de câblages.
Focus sur les actions prioritaires : les principaux défis pour relocaliser
- Préparer et exécuter avec rigueur la relocalisation de l’ensemble des chaînes d’une usine (cela prend en général 3 à 5 mois)
- Organiser la disponibilité et la formation du personnel
- Transférer et mettre au point des équipements de test et remettre en place la gestion de la qualité
- Gérer la montée en cadence
Dans le prochain Focus Auto : Quels impacts sur la transition électrique ?